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jeudi 8 décembre 2011

Rencontre avec Jean-Louis Mercuzot


Rencontre avec Jean-Louis Mercuzot directeur artistique, et auteur de la pièce «  la truite à la menthe » spectacle théâtral et musical autour des saveurs et de l’alimentation.

S2M : Quelque mot sur votre parcours, quel chemin vous a amené à traiter de science dans vos spectacles ?
Quand on est comédien ou directeur de compagnie on ne pense pas qu’on puisse parler de contenu scientifique. Dans notre cas nous avons été interpellés alors que nous menions un travail avec des polytechniciens, on s’est alors frotté à des gens qui sont chercheurs et à un moment donné on leur demandé «mais qu’est ce que vous cherchez  donc ? », «  qu’est ce que tu fais de ta vie, c’est quoi ton travail » ? … de là ils nous ont amené dans leur labo et on était tellement plein de question qu’on s’est dis avec eux ce serais peut être bien de faire des sortes de mini conférence pour des gens comme nous ignares. Dans le même temps on a répondu à un appel à projet déposé par la cité des enfants pour les 10 ans de la Vilette pour travailler sur les cinq sens et on a été retenu. On a travaillé sur ce thème avec une école, avec des chercheurs, des médiateurs et on a mis en place un travail d’écriture avec un contenu scientifique très précis sur les 5 sens et un travail dramaturgique, scénographique …. 

S2M : Comment définiriez-vous le théâtre scientifique ?
Nous on défend l’idée de faire de la vulgarisation scientifique , qu’il est important de se frotter à un contenu scientifique et de ce demander en tant qu’auteur comment reconstruire ce contenu scientifique sans le déformer, avec une approche ludique. Comment rendre accessible ce contenu, pour nous il faut être dans le contenu et pas seulement dans la poésie, car évidemment nous en tant qu’auteur on peut écrire des fables des nouvelles, mais ici l’enjeu est plus de ce confronter à un contenu scientifique et de le restituer en faisant valider ce travail par des chercheurs.

S2M : Pour vous le théâtre de science à donc inévitablement une volonté de passation de savoir ?
Je pense qu’il y a deux choses importantes, l’éveil, l’appétence, l’envie d’en découdre; de comprendre ce qui peut passer par l’allégorie, la poésie. «  Le ciel est bleue comme une orange » c’est déjà une belle métaphore, il n’y a pas de raison de s’en priver et puis le deuxième temps que moi j’aime particulièrement c’est à partir de cette métaphore, comment on va expliquer que le ciel est bleu ? 

S2M : La curiosité est le maître mot de vos spectacles ?
Je pense que la curiosité est le moteur de l’humanité, c'est-à-dire que si l’on est ravalé à notre instinct animal on régresse, c’est quand l’on voit l’œil brillé de curiosité que l’on peut se transformer. 

S2M : Si demain vous aviez le choix de monter un spectacle sans restriction, sur quel type de science se porterai votre choix ?
Actuellement je suis très intéressé par tous les fantasmes qu’il y a autour de la manipulation génétique. Il ya des grandes peurs et des questions éthiques derrières tout ça, « peut-on faire des salades qui ne soient pas issues de la terre » ? Ça pose des questions très fortes philosophiquement parlant  et puis y’a autour de nous des usines à fantasmes comme la génopôle à Evry qui travail sur les polymères. C’est en quelques sorte des agrégats de matières qui remplacent d’autres matières et tout coup on est dérouté, on paire nos repères, la science deviens un continent extrême, c’est devenu tellement complexe qu’on ne peut plus vulgariser et réduire. C’est un bel enjeux démocratique que de se poser ces questions par rapport à la manipulation génétique.  Pour relier ça avec l’art je travail sur un texte d’Oscar Panizza «  the Mention Fabric» qui raconte un peu à la Kafka une histoire de manufacture d’homme ; et si j’avais le choix j’aimerai partir dans cette direction là. Produire des hommes « artificiels » en polymère, qui pourraient marcher, des sortes de brebis Dolly en polymère et relier le tout avec un contenu scientifique.

S2M : Pensez vous qu’il soit possible pour le théâtre de science de s’emparer de science dite « molle », des sciences humaines ?
La question des sciences humaines c’est une vrai belle question. Quelle est la frontière avec les sciences exactes.  Je pense que l’on voudrait croire que non, qu’il est impossible de faire un vrai bon spectacle de vulgarisation en traitant de ces domaines, et cela nous arrangerai bien, mais peut être que oui. Pour ma part je pense que ces questions doivent être à la tangente de la culture scientifique mais pas forcement au cœur. En tout cas je n’y suis pas suffisamment plongé pour avoir l’envie d’y aller. Derrière ça pour moi il y a des mélanges entre de la sociologie, de la culture politique et ça prend tout de suite des aspects très forts politiquement, et c’est donc forcement subjectifs. Ce qui m’intéresse dans le travail avec la culture scientifique c’est ce challenge de travailler avec une culture exacte et donc de retransmettre un savoir exact, c’est une espèce de pari. On peut toujours croire quand on est metteur en scène que finalement on compte sur son intuition, une espèce de divination, quelque chose qui nous viens d’en haut, donner par les dieux et plus je vieillis plus je pense que finalement l’intuition c’est d’abord du travail, donc de la connaissance, beaucoup de temps de lecture, de culture et à un moment donné on peut avoir une intuition parce qu’on a les fondements pour l’avoir. En vieillissant j’ai de plus en plus conscience de mon inculture.

S2M : On est un peu dans pascal qui disait la dernière démarche de la raison c’est de reconnaitre qu’il y a une infinité de choses qui la dépasse ?
Peut être oui, c’est ça qui vaux la peine de vivre, quand je parlais d’appétence, de gourmandise c’est ça, on n’a pas fait le tour du monde et arrivé à ma dernière heure j’aurai encore envie d’en découdre.
A mon sens c’est cette route qui est intéressante, si l’on prend la vie pour ce qu’elle est, c'est-à-dire un chemin avec un début et une fin et qu’on ne considère que la fin alors on est triste. C’est cette gourmandise qui fait que j’assume cette tristesse.

S2M : On parle de plus en plus d’Art/Science aujourd’hui, ne pensez vous pas qu’il y ait souvent un amalgame entre science et technique ?
Aujourd’hui il y a de plus en plus de nouvelles technologies qui sont extravagantes, extraordinaire et accessibles, on le voit avec l’informatique. Dans nos entreprises de spectacles la façon dont on communique à changé, et au niveau des spectacles ont pourrait être envahi par des ingénieurs des techniciens de tout poils qui nous mettraient en boite des spectacles avec des systèmes lasers, des technologies d’images de son qui au final nous englues. Personnellement,  j’ai envie de réaffirmer que de la même manière que le monde ne doit pas se donner à la financiarisation, c'est-à-dire que ce n’est pas l’argent qui fait vivre ; ce ne sont pas les outils technologiques qui nous donneront du sens. Dans l’idée que j’ai du développement de mon travail d’écriture et de mise en scène si je veux rester ouvert avec des techniciens pointus sur les nouvelles technologies mais  je n’ai pas envi qu’ils prennent le dessus sur le travail que j’ai à faire, ils doivent être au service. Même si les nouveaux outils sont fascinants, pour autant ce n’est pas ça qui nous irriguent.

S2M : Pensez vous que l’artiste ait un rôle à jouer dans la mise à distance critique de l’objet technique ?
C’est un enjeu important oui, j’aimerai en découdre là-dessus car il ne faut pas se laisser bouffer par la technique, elle doit rester à notre service, il faut en garder l’intelligence c'est-à-dire la saveur. Cette réflexion est reliée à la même faute de sens sur les actes consuméristes, posséder des choses ne changera en rien le fait d’être. Ça peut paraître évident mais c’est essentiel.

S2M : Avait vous une méthode artistique ? Et si oui, la mettez vous en débat ?
On ne peut pas travailler en durée sans méthode. C’est aussi un des plaisirs qu’on a à travailler avec des scientifiques car on s’est rendu compte qu’on avait une méthodologie qui fonctionnait d’une façon quasiment identique entre l’intuition dont je parlais tout à l’heure, l’hypothèse qu’on pose et la vérification. Etre en route artistiquement c’est émettre des hypothèses et essayer de les vérifier et ce laissé faire par ce qui arrive. Le point important est de ce laisser en capacité de laisser apparaître des évènement qu’on n’avait pas prévus même si c’est dérangeant, c’est ça faire de la création, c’est toujours être décentré sinon je ne fais qu’affirmer un savoir et alors je ne suis plus un artiste. Pour ce qui ait du travail en équipe ma tache est d’être à l’écoute de chacun pour donner les conditions d’être en état de création, c’est beaucoup d’humilité, d’attention, et prendre le risque de ne pas savoir et de se tromper, admettre que l’on est pas bon. Laisser aussi les membres de l’équipe libres eux même de prendre le risque de ne pas savoir et de ce tromper. Il ne faut pas engager quelqu’un parce qu’il sait faire quelque chose mais utiliser le paradoxe «  je t’engage car j’ai l’intuition que tu pourras faire quelque chose et si tu ne sais pas c’est ça qui m’intéresse ». Comment trouver les conditions pour que tu puisses y arriver ? C’est cela les conditions de l’hypothèse et les vérifications de l’hypothèse ce qui implique tu temps, de travailler par strate. Un spectacle n’est pas une recette qu’on applique et au bout de tant de temps le gâteau est près, mais c’est un travail qui s’élabore dans la durée, et qui au bout d’un temps qui comprend le frottement aux artistes, le frottement au public.

S2M : Vos méthodes ont-elles évoluées aux contacts du monde scientifique ?
Oui dans la mesure où ce faire livrer un contenu scientifique qui n’est pas discutable demande de laisser de côté l’idée même que j’avais de l’intuition de départ. Le fait d’avoir un contenu et de ne pas savoir qu’en faire demande de se mettre en roue libre,  ça deviens très concret  contrairement à une écriture que l’on va appeler plus poétique.

S2M : C’est donc plaisant de travailler avec une contrainte ?
Bien sur, croire que l’intérêt serait de vivre sans contrainte c’est se priver du plaisir, ce n’est pas la contrainte en soi qui est intéressante, c’est le fait de l’avoir dépassé et là on touche au bonheur.

S2M : Pensez vous que l’homme de théâtre en général ait une aversion pour science ? 
La plupart d’entre nous étant issu du milieu littéraire je pense que oui. Dans le métier, on a d’un coté des scientifiques qui pourraient se prendre pour des artistes et inversement des artistes qui pourraient se prendre pour des scientifiques et c’est de cette confusion que naît l’intérêt. Pour moi il faut que chacun reste à sa place, cela suppose beaucoup d’humilité. Aujourd’hui la mode serait d’aller sur les champs de la culture scientifique parce que l’on pourrait montrer des nouveaux outils technologiques et ça justifierai les dépenses et les recherches qu’on fait. Je pense qu’à l’inverse ce qui est intéressant c’est de revenir à l’humain et encore une fois le savoir se trouve du fait que des être humains sont dans une éthique et non pas au service d’une industrie.

S2M : Qu’elle découverte scientifique vous semble la plus contre intuitive, la plus bizarre ?
Le fait que la terre soit ronde, c’est invraisemblable c’est poétique de pouvoir marcher la tête à l’envers.

S2M : L’objet technique qui vous semble le plus bénéfique ?
L’outil chaussure, ça vous emmène loin des chaussures.

S2M : Le domaine scientifique le plus fascinant ?
La mécanique quantique, c’est un domaine qui me donne envie d’être savant, de comprendre, la direction du temps les trous noirs, toutes ces découvertes sont invraisemblables.

S2M : Le domaine scientifique pour lequel vous avez le moins d’affection ?
Les mathématique mais c’est parce que j’y connais rien. Dans ma génération c’était ou vous faites le bac C et vous avez de l’avenir ou vous faites littéraire et devenu adolescent on devient catégorique.

S2M : Si vous pouviez d’un claquement de doigt comprend avec finesse un domaine scientifique ?
Je choisirai l’astrophysique, l’astronomie mais ça se rejoint.

S2M : Si dieu existe que pensez vous qu’il pense des artistes et des scientifiques ?
Je pense que dieu, c’est vous, c’est moi, donc il existe … et ce qu’il en pense c’est qu’il faut que l’on fasse très attention à nous car nous sommes capables de nous mettre en danger sans même le savoir.

S2M :  Si dieu existe, qu’aimeriez vous lui entendre vous dire à votre mort ?
Viens on continu, autrement mais on continu, j’aime l’idée qu’il puisse y avoir une autre vie mais vraiment autrement, avec des valeurs temps inversé par exemple.

mercredi 30 novembre 2011

LES PHYSICIENS

La compagnie du Bonhomme présente

LES PHYSICIENS


Une farce théâtrale et apocalyptique de
Friedrich Dürrenmatt
Mise en scène
Thomas Poulard

Avec six acteurs : Adeline Benamara, Stéphan Castang, François Godart, Carl Miclet, Rémy Rauzier, en cours…

Création saison 2012/2013
Contact : Thomas Poulard - 06 83 48 94 20 / ciedubonhomme@gmail.com


Préambule pour un théâtre grotesque

« La comédie grotesque apparaît comme la seule réponse de l’artiste aujourd’hui pour retrouver la liberté de créer et montrer l’homme courageux.

Notre monde a aussi bien mené au grotesque qu’à la bombe atomique. De même, les tableaux de Jérôme Bosch, pour être apocalyptiques, n’en sont pas moins grotesques. Le grotesque est seulement une expression sensible, un paradoxe sensible, le visage d’un monde sans visage, la forme d’une non-forme.[…]

« Tout progrès est un gain dans le détail et une dissociation dans l’ensemble ; c’est un accroissement de puissance qui débouche dans un accroissement d’impuissance, et il n’y a rien à faire contre cela. »
Robert Musil. L’homme sans qualités.

« Les Physiciens »… Résumé

Quelque part près d’un lac, dans une petite ville, trois fous sont enfermés dans la Villa de la clinique psychiatrique Les Cerisiers. Ces fous sont tous les trois physiciens. Le premier se prend pour Newton, le second se prend pour Einstein, le troisième s’appelle Möbius et prétend avoir des visions du Roi Salomon.

Un meurtre a eu lieu. Un des physiciens, Einstein, vient d’étrangler une infirmière. L’inspecteur Voss de la brigade criminelle et ses hommes sont sur place. Quelques semaines plus tôt un autre physicien, Newton, a étranglé une autre infirmière. Deux physiciens, deux infirmières… Coïncidence ?

La clinique est dirigée par la doctoresse Mathilde Von Zahnd, psychiatre célèbre et… bossue. Elle explique à l’inspecteur que les deux meurtriers ne sauraient être tenus responsables de leurs actes, puisque ce sont des malades mentaux. La médecine est impuissante à prévoir de tels accidents.

L’infirmière Monika Stettler a compris que la folie de Möbius n’est en fait qu’un simulacre. Elle lui déclare son amour et lui propose de quitter la clinique pour aller vivre avec elle. Möbius est lui aussi amoureux de Monika mais il lui est impossible de sortir de cet endroit qui est devenu son refuge contre le monde extérieur. Face à un tel dilemme, il finit par l’étrangler. Trois physiciens, trois infirmières… Coïncidence ?

Qui est vraiment fou dans cette histoire ? Les apparences sont trompeuses. Et si dans cet asile se jouait le sort de l’Humanité ? Entre une puissance politique et un méga trust international, pour qui vaut-il mieux travailler ? L’homme de science a-t-il vraiment le choix ?

« Les Physiciens »… Intentions de mise en scène

Science et Pouvoir
Pièce bancale, étrange dont la résolution n’apparaît qu’au deuxième acte. Tout ici est affaire de faux semblants. Ceux qui sont fous ne le sont pas vraiment et ceux qui sont sensés représenter la sagesse sont en fait complètement illuminés. Derrière le masque de la farce et du grotesque, se cache une double réflexion sur les rapports de la Science au Pouvoir (politique, économique) et les répercussions du Progrès scientifique dans la société.

Fin connaisseur de la mythologie, Dürrenmatt transpose ici le mythe d’Œdipe. Un homme apprend son destin par un oracle. Il cherche à échapper à ce destin mais paradoxalement il s’en rapproche. Sa fuite, c’est son entrée dans son destin. Möbius, croyant échapper à son destin en se coupant du monde, précipite sa chute en se réfugiant à la Villa où l’attend la doctoresse Von Zahnd qui va lui voler et exploiter ses découvertes. Oui, il est illusoire de vouloir aller contre la marche inexorable du progrès. Mais l’homme peut-il apprendre à vivre sans excès et corriger ses erreurs ?

Pourquoi monter les physiciens aujourd’hui ?

Dürenmatt est un formidable raconteur d’histoires. Pas de drames, pas de théâtre intimiste chez lui, mais des comédies autour des grands problèmes du monde : la religion, la finance, la science, la justice… C’est un pessimiste joyeux. Le monde court à la catastrophe ? Raison de plus pour prendre le chemin de l’humour. Je trouve sa pensée, sa manière de voir les choses qui nous entourent très stimulantes. En ces temps moroses, il me paraît salutaire et « vivifiant » de faire entendre cet univers baroque et déjanté.

Le thème de la science est très peu traité au théâtre. Pourtant, si nous en sommes là aujourd’hui, c’est bien que, depuis un siècle et demi, les avancées scientifiques et leurs applications techniques ont révolutionné le Monde, donc notre existence. Pas de didactisme, pas de leçon de morale. Il s’agit au contraire de faire réfléchir et de divertir le spectateur en lui proposant une fable métaphorique drôle et décalée.

La pièce de Dürrenmatt a été écrite en pleine guerre froide, à une époque où le monde était coupé en deux blocs. Aujourd’hui, le monde est devenu multipolaire, encore plus fragmenté qu’il y a cinquante ans. De nouveaux pays sont prêts à tout pour avoir eux aussi leur part de progrès. Malgré une angoisse plus diffuse, les interrogations sont toujours aussi grandes dans des domaines aussi variés que le nucléaire avec ses applications civiles et militaires (Difficile de ne pas penser à la récente catastrophe à la centrale de Fukushima au Japon), la génétique avec le clonage ou la pharmaceutique et certains scandales aux médicaments.

La fable métaphysique…

Dürrenmatt peut faire penser à un « cousin » éloigné de Brecht (même s’il s’en est toujours défendu). Certaines de ses pièces ressemblent à de grandes fresques épiques, avec quelques nuances. Il n’écrit pas de fables sociales avec des exploiteurs et des exploités. Chez lui, la fable est d’ordre métaphysique. Ses personnages principaux sont confrontés à un choix existentiel. Il les place toujours là où on ne les attend pas. Un physicien interné dans un asile mais pas fou, une psychiatre directrice de clinique mais complètement folle. Deux pays qui s’affrontent pour récupérer un des plus grands savants de tous les temps. Au final, c’est un trust international qui gagne et qui domine le monde au dessus de tout système politique. Il faut quand même être assez visionnaire…

Sa perception du monde est assez noire, voire subversive. Avec lui, les idéologies deviennent obsolètes. Les hommes ont l’air d’être des pantins perdus au milieu de la grande marche de l’histoire. Ecrire des farces, c’est une manière d’avancer « masqué ». C’est pour mieux nous « cueillir » avec des dénouements surprenants. Il utilise tous les codes d’un certain théâtre bourgeois avec des conversations écrites dans un style très quotidien, du faux suspense, de l’amour à l’eau de rose. On se croirait presque dans un sitcom. Le réel est « déformé », mis à distance. La matière théâtrale est riche et le défi passionnant, aussi bien dans le travail avec les acteurs que dans la création d’un univers étrange et baroque.

… et ce qu’on veut en faire

Pour monter cette comédie grinçante, je souhaite d’abord travailler à partir des « codes » ou « genres » de chaque scène et m’en amuser : didascalies hyper réalistes interminables, interrogatoire policier, scène d’amour, simulation de la folie, scène de crime, scène de repas, discussion philosophique. Il faut aussi réfléchir à un espace moins conventionnel, moins réaliste que celui qui est décrit. A nous de trouver une esthétique d’aujourd’hui, faite de « bric et de broc », où plusieurs époques se mélangeraient : XVIIIème, années 70 tendance Inspecteur Derrick. Vive les postiches et le maquillage ! La musique sera aussi très présente. J’imagine déjà la possibilité d’un ou deux entractes musicaux.

Le style « Grotesque » c’est un jeu sur le fil qui oscille entre le comique et le tragique, le déjanté et le sérieux ; c’est jouer des situations à la fois réalistes et décalées, ce sont des personnages aux réactions totalement inattendues.

Enfin, le parti pris est de faire jouer tous les rôles par six comédiens. Dürrenmatt met toujours beaucoup de personnages secondaires dans ses pièces. Rôles plutôt fonctionnels, il faut bien l’avouer, sans vraie épaisseur psychologique mais qui contribuent à créer un univers fantastique ou néo-expressionniste. Je pense beaucoup à des films comme le « Docteur Folamour » de Stanley Kubrick ou « Alphaville » de Jean-Luc Godard qui sont ancrés dans une époque où les mutations technologiques allaient de pair avec le développement de la société de consommation, « en attendant l’an 2000 ». Le futur, c’était déjà aujourd’hui. Et si aujourd’hui, en 2011, le futur était derrière nous ?
Thomas Poulard.

La science vu par William Blake
 

« Les Physiciens »... une pièce policière

L'INSPECTEUR - Vous aussi, vous avez bel et bien étranglé une infirmière !
NEWTON - Moi ?
L'INSPECTEUR - Dorothée Moser […] Le 12 Août. Avec le cordon du rideau.
NEWTON - Mais c'est tout différent, monsieur l'inspecteur. Moi, je ne suis pas fou. Santé !
L'INSPECTEUR - À la vôtre !
« Les Physiciens »… une pièce sportive

L’INSPECTEUR - […] Avec des infirmiers, ce ne serait pas arrivé.
L'INFIRMIERE MAJOR - Vous croyez ? La première infirmière, Dorothée Moser, était membre de la société de lutte et la seconde, Irène Straub, championne suisse de judo.
L'INSPECTEUR - Et vous ?
L'INFIRMIERE MAJOR - Haltérophile.

« Les Physiciens » … une initiation à la musique classique

Mme ROSIER - Mes enfants, jouez quelque chose pour votre père avant de le quitter.
Les FILS - Oui maman.
Adolf - Friedrich ouvre sa serviette et distribue trois flûtes douces.
FILS III - Un morceau de Buxtehude.
FILS I - Un, deux, trois. (Les garçons jouent.)
Mme ROSIER - Plus de sentiments, mes enfants.
MOBIUS - Il vaut mieux pas ! Je vous en prie, il vaut mieux pas.

« Les Physiciens » … une grande saga amoureuse

MONIKA - Je veux coucher avec vous, je veux avoir des enfants de vous. Je manque de pudeur, je le sais. Mais ne voyez-vous pas que je suis une femme ? Je ne vous plais pas ? J’admets que mon uniforme est affreux. (Elle arrache son bonnet.) Je hais ma profession ! […] Je ne veux plus vivre pour les autres, je veux vivre pour l'homme que j'aime. Pour vous. Je ferai tout ce que vous demanderez, je travaillerai pour vous jour et nuit. Mais vous, il y a une chose que vous ne pouvez pas faire, c'est me repousser. Moi non plus, je n'ai plus personne au monde que vous ! Moi aussi je suis seule.

« Les Physiciens » … une pièce d’action

EINSTEIN - Mon cher Kilton, nous savons tous les deux manier un revolver, du moins je le suppose ; évitons le duel si c'est possible. Je déposerai volontiers mon Browning, si de votre côté...

« Les Physiciens » … une pièce philosophique

MOBIUS - Il y a des risques qu'on ne doit jamais courir, par exemple la destruction de l'humanité. Nous savons ce que le monde fait des armes qu'il possède déjà ; ce qu'il ferait de celles que mes découvertes lui fourniraient, nous pouvons l’imaginer sans peine.[…] J'ai réglé ma conduite en conséquence. Ma conscience me forçait à choisir une autre issue. J'ai choisi de me cacher sous la cape du bouffon. Il a suffi de prétendre que le roi Salomon m'apparaissait, pour être embarqué immédiatement dans un asile d'aliénés. […] La science est devenue terrible et la recherche dangereuse. Nos connaissances sont mortelles. Il nous faut capituler devant le monde tel qu'il est. Nous sommes trop forts pour lui. Nous causons sa perte. Il faut lui reprendre la science que nous lui avons donnée. Moi, j'ai repris la mienne. Il n'y a pas d'autre solution, pour vous non plus.

« Möbius est un savant qui veut échapper aux effets de sa pensée. Il peut s’imaginer les résultats auxquels a conduit cette pensée. Et naturellement, je pense au fait que la lettre de mise en garde d’Einstein à Roosevelt a précisément entraîné la construction de la bombe atomique. » F.D


« 21 points sur les physiciens » par Friedrich Dürrenmatt - extraits


1. Je ne pars pas d’une thèse, mais d’une hypothèse.
2. Quand on part d’une histoire, elle doit être pensée jusqu’au bout.
3. Une histoire est pensée jusqu’au bout lorsqu’elle a pris la pire tournure possible.
4. La pire tournure possible n’est pas prévisible. Elle arrive par hasard.
5. L’art du dramaturge consiste à faire intervenir le hasard dans l’action de la façon la plus efficace possible.
6. Les moteurs de l’action dramatique, ce sont les hommes.
[…] 9. Les hommes qui procèdent méthodiquement veulent atteindre un certain objectif. Le hasard les atteindra de la pire façon en les faisant réaliser le contraire de leur objectif : ce qu’ils craignaient, ce qu’ils cherchaient à éviter (par exemple : Œdipe)
10. Une telle pièce est certes grotesque mais pas absurde (insensée).
11. Elle est paradoxale.
[…] 14. Une pièce sur les physiciens doit être paradoxale.
15. Elle ne doit pas avoir le contenu de la physique comme objectif, mais seulement ses répercussions.
16. Le contenu de la physique concerne les physiciens, ses effets concernent tous les hommes.
17. Ce qui concerne l’ensemble des hommes, c’est l’ensemble des hommes qui doit le résoudre.
18. Toute tentative d’un individu de résoudre seul ce qui concerne l’ensemble des hommes ne peut aboutir qu’à un échec.
19. C’est dans le paradoxe qu’apparaît la vérité. […]


Une suite à la « Vie de Galilée » de Brecht ?...

Bertolt Brecht est l’un des premiers dramaturges à avoir posé au théâtre la question des rapports entre le savoir et le pouvoir. En 1945, il écrit la dernière version de « La vie de Galilée » quelques semaines après l’explosion d’Hiroshima. Il ajoute notamment la grande tirade finale de Galilée en forme de testament scientifique. Dans son autocritique, il prédit la possibilité pour ses futurs collègues de devenir une « race de nains inventifs, prêts à servir n’importe quelle cause ». Mais Brecht croit encore au bon usage de la science, à la conscience morale individuelle des scientifiques pour les empêcher de basculer dans l’assujettissement ou l’irresponsabilité.

« […] Vous, gardez à présent le flambeau de la Science
Employez-le avec prudence
Qu’il ne devienne l’incendie
Par qui nous serons tous détruits. »

Avec « Les Physiciens », Dürrenmatt reprend ce thème tout en marquant sa différence. Au pragmatisme et à la responsabilité, il oppose au contraire les notions de hasard et d’irresponsabilité qui conduisent les évènements à prendre « la pire tournure possible ». Dans un monde éclaté, complexe, où tant d’intérêts entrent en jeu, la science est devenue une activité collective où la posture morale de tel ou tel chercheur paraît totalement insuffisante.

Une fois découvert, le savoir ne peut plus être repris car la science se renouvelle sans cesse. On ne peut pas reprendre ses pensées. Au contraire, elles sont reprises par d’autres et nous échappent complètement. Quant au hasard, c’est une notion très importante en science et en physique notamment. Mais on peut aussi l’appliquer à nous mêmes. L’homme vit dans le non calculable. C’est cette impossibilité à prévoir sa vie, qui lui donne sa liberté.

Peut-on croire à une science qui serait dominée par la sagesse ? Les Chinois possédaient la poudre depuis longtemps, mais ils ne l’ont utilisée que pour des feux d’artifice. Dès que les occidentaux ont inventé la poudre, ils l’ont employée comme arme.


Le mythe du Savant fou


Dans cette pièce la science est associée à la folie. C’est le retour au mythe du « savant fou » dévoré par une obsession de toute puissance, rêvant de changer la face du monde.

Quoi de plus fascinant que des chercheurs comme Alan Turing, John Nash, Kurt Gödel, Ettore Majorana et bien d’autres, qui chacun dans leur domaine scientifique ont fait des découvertes considérables tout en sombrant dans la maladie mentale.

Au théâtre, le Fou c’est le Bouffon qui énonce des vérités en faisant des pitreries. Dans « Les physiciens », le Savant au destin tragique, celui « qui sait », rejoint le Fou au comportement comique voire clownesque.


Thomas Poulard


Diplômé de l’ENSATT (Ecole Nationale Supérieure de Arts et Techniques du Théâtre) en 2000, section Art dramatique.

Comme comédien, il travaille avec Marie-Sophie Ferdane (Une seconde sur deux, Loteries, Plexi Hotel et On est mieux ici qu’en bas de Sarah Fourage), Eric Massé (L’île des esclaves de Marivaux), Simon Delétang (Woyzeck de Buchner, Shopping and Fucking de Marc Ravenhill, Froid de Lars Noren) mais aussi Christophe Perton (Lear de Bond, Woyzeck), Jean Lacornerie (Monsieur de Pourceaugnac de Molière), François Rancillac (Kroum l’ectoplasme de Hanokh Levin), Pascale Henry (C’est pour rire) ainsi qu’Emilie Valantin, Claudia Stavisky, Philippe Delaigue.

Il fait sa première mise en scène en 2009 avec Le monologue d’Adramélech de Valère Novarina. En 2010, suite à un appel à projets lancé par le Groupe des 20 en Rhône Alpes, il co-met en scène, avec Adeline Benamara, Triptyque.com ou … ma langue au diable, d’après trois pièces écrites par Sarah Fourage, Gilles Granouillet et Sophie Lannefranque.

Histoire de compagnie

La compagnie du Bonhomme s'est créée à Lyon en 2000, à la sortie de l'ENSATT (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre) avec des élèves de la même promotion. Entre 2000 et 2006, quatre textes de Sarah Fourage ont été mis en scène par Marie-Sophie Ferdane : Une Seconde sur Deux, Plexi Hôtel (aux Subsistances de Lyon), Loteries (au Théâtre du Point du Jour de Lyon) et On est mieux ici qu’en bas (au théâtre des Célestins de Lyon).

En 2010, Thomas Poulard, comédien de tous les spectacles du ‘Bonhomme’, reprend la direction artistique de la compagnie. Il co-met en scène, avec Adeline Benamara, « Triptyque.com ou… ma langue au diable », montage de trois pièces courtes écrites respectivement par Sarah Fourage, Gilles Granouillet et Sophie Lannefranque sur le thème des communications modernes. Ce projet a été coproduit par le groupe des 20 en Rhône-Alpes et soutenu par la DRAC Rhône-Alpes, le Conseil Régional Rhône-Alpes ainsi que l’ADAMI. Le spectacle a été créé en Novembre 2010 au théâtre de Givors puis est parti en dans toute la région Rhône-Alpes jusqu’en Février 2011. Prévu pour la saison 2012/2013, Les Physiciens est sa troisième mise en scène.

Durrenmatt ?

Friedrich Dürrenmatt naît en à Konolfingen (BE) en 1921. Fils de pasteur, il passe son enfance dans l’Emmental. Après une enfance mouvementée, pendant laquelle il a des problèmes d’alcool, il réussit finalement à passer l’examen de maturité en 1941 et continue ses études à l’université de Berne puis de Zurich. Il y étudie la littérature allemande et l’histoire de l’art, mais aussi la théologie, la philosophie et la science.

Dürrenmatt interrompt ses études en 1946 et s’essaie à la dramaturgie en s’inspirant de Brecht, Kafka et de Lessing. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il a 24 ans. Il écrit alors sa première pièce de théâtre Les fous de Dieu, une comédie lyrique et apocalyptique qui provoque un scandale après sa première, le 19 avril 1947.

Au cours des quelques années suivantes, il lutte pour gagner sa vie comme écrivain et surmonter un diabète handicapant. Il se met à écrire des nouvelles, des romans policiers, et des pièces radiophoniques pour subsister, mais il n’a jamais renoncé à écrire des pièces de théâtre. C’est pendant ces années que voient le jour Le juge et son bourreau et Le soupçon, qui paraissent sous forme de feuilleton dans des journaux.

Il perce en 1952 avec la comédie Le mariage de Monsieur Mississippi dans laquelle il commence à formuler son propre style théâtral, une obscurité, un monde irréel peuplé par des caractères qui, bien qu’effroyablement vrais, sont souvent déformés par la caricature. Ces oeuvres de jeunesse contiennent de nombreux éléments macabres et sombres, traitent de meurtre, de châtiment et de la mort et se terminent souvent avec une pointe acerbe.

En 1956, il atteint pour la première fois, avec La visite de la vieille dame, un public international. En Février 1962, en pleine guerre froide, il publie sa pièce qui deviendra un grand classique : Les physiciens. En 1966, il connaît également le succès avec Le météore.

Dans les années 1970 et 1980, Dürrenmatt s’implique dans la politique et tient de nombreux discours devant un public international. (Essai sur Israël, Pour Vaclav Havel – La Suisse, une prison.)
Le 14 Décembre 1990, il s’éteint dans sa propriété de Neuchâtel à la suite d’une crise cardiaque. Bien qu’aujourd’hui, il soit surtout connu pour ses romans policiers, il se considérait essentiellement comme dramaturge. En 2000 et conformément à ses dernières volontés, le Centre Dürrenmatt Neuchâtel est créé, pour exposer non seulement son oeuvre littéraire mais aussi son oeuvre picturale, méconnue du public.

« Le chemin qui conduit à la connaissance est un chemin difficile. […] Si l’on ne prend pas le risque de la fiction, le chemin de la connaissance reste impraticable. » F.D


jeudi 29 septembre 2011

Les Palmes de monsieur Schutz

Les Palmes de monsieur Schutz est une pièce de théâtre de Jean-Noël Fenwick créée à la fin des années quatre-vingts.  Elle est inspirée de la vie de Pierre et Marie Curie et raconte leurs travaux à l'École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI ParisTech), au cours desquels ils ont découvert le polonium et le radium. Cette pièce a reçu de nombreux prix dont les Molières 1990 de meilleur metteur en scène, meilleur auteur, meilleur décorateur et meilleur spectacle du théatre privé.

M. Schutz, le directeur, rêve de Palmes Académiques et de promotion à l'Académie des Sciences. Pour cela, il ne craint pas d'exploiter deux jeunes professeurs et chercheurs: Pierre Curie et Bichro dont il attend une découverte qui assurerait sa réussite. Ils sont bientôt rejoints par une jeune scientifique polonaise, Marie Sklodowska, chercheuse de haut niveau et travailleuse acharnée." Au menu: science, lutte des classes, conflits politiques et redéfinition des rôles sexuels. La trame est simple : dans un laboratoire obscur et mal-chauffé, deux savants, Pierre Curie et Gustave Bémont, souffrent des mesquineries et des démangeaisons de décoration de leur supérieur, le gros monsieur Schutz. Pour les stimuler, le directeur leur adjoint une jeune Polonaise bardée de diplômes, Marie. Pierre Curie va l’aimer. Ensemble ils découvriront radioactivité et radium, feront un enfant - la future Irène Joliot-Curie- et partiront à vélocipède sur les chemins de France.

Arcadia de TOM STOPPARD

Arcadia est un grand classique du genre, que dis-je une sommité outre manche à la fois en tant que théatre de science mais aussi et surtout en tant que théatre tout cours ( gagnant le Olivier Awards de la meilleure pièce en 1993, et aussi le New York Drama Critics Award de 1995. Le titre de l'œuvre fait référence à la phrase Latine Et in Arcadia ego, qui souligne la gravité de la comédie.
L'intrigue d'Arcadia a pour cadre une maison anglaise, Sidley Park, et l'action se déroule alternativement en 1809 et en 1989, passant fréquemment d'une époque à l'autre. La pièce observe des érudits de l'époque actuelle (écrivain, universitaire, étudiante...) au cours de leurs recherches, en juxtaposant leurs interprétations d'indices laissés par les habitants du XIXe siècle et les indices eux-mêmes. Arcadia explore la nature de la "preuve" et de la vérité dans le contexte des idées modernes de la mathématique et la physique. La pièce pose les questions du pouvoir de la modernité, et elle fait la satire des motivations du postmodernisme; lors du dénouement, dans un monologue, un personnage défend la beauté et la totalité de l'univers selon Aristote.
En 1809, Thomasina Coverly, une adolescente dont les idées en mathématique sont en avance sur son temps, étudie avec son tuteur, Septimus Hodge, ami de Byron. En 1989, deux experts dans leurs domaines respectifs – Hannah Jarvis, une historienne, qui fait des recherches sur un ermite qui a habité là, et Bernard Nightingale, un professeur de la littérature qui vient pour révéler un chapitre secret de la vie de Byron – arrivent à Sidley Park. Pendant leurs investigations, aidées par les recherches du biologiste Valentine Coverly, on découvre peu à peu ce qui s'est réellement passé en 1809.

Arcadia explore la nature de la "preuve" et de la vérité dans le contexte des idées modernes de la mathématique et la physique. La pièce pose les questions du pouvoir de la modernité, et elle fait la satire des motivations du post-modernisme; lors du dénouement, dans un monologue, un personnage défend la beauté et la totalité de l'univers selon Aristote.


Exemplaire
Arcadia a été publié chez Actes Sud-Papiers
Adapt. française de Jean-Marie Besset
ISBN 2-7427-1484-7
ISSN 0298-0592
En savoir plus sur le modèle scientifique dans le théâtre de Tom Stoppard :

Neurologie sur scène

Aujourd’hui intéressons nous à  « L’homme qui » et « Je suis un phénomène » deux pièces de Peter Brook qui amènent la neurologie sur le devant de la scène.

La première pièce «  l’homme qui » est fortement inspirée des travaux du neurologue médecin et écrivain Oliver Sacks (connu notamment pour avoir écris l’éveil (adapté au cinéma avec Robin Williams et Robert De Niro).
Peter Brook  nous propose ici un voyage dans les méandres de l’esprit humain à travers une succession de cas cliniques tous plus atypiques les uns que les autres.   

La pièce s’attache tout particulièrement à montrer, à travers des dialogues entre « malade » souffrant de trouble de la perception et personnel soignants, l’incroyable et méconnue machinerie qu’est le cerveau humain.   

Sur ce thème on ne serait que conseiller la lecture de  «  l’homme qui prenait sa femme pour un chapeau » du même Olivier Sacks, ouvrage décrivant les affections les plus bizarres, les cas les plus extrêmes que l’auteur a pu rencontrer dans sa carrière.


La seconde pièce, «  Je suis un phénomène »  s’intéresse à la vie d’un homme affligé d’un tard toute particulière, celle d’avoir une mémoire hors norme, d’être dans l’incapacité chronique d’oublier !!
L’écriture de Peter Brook c’est appuyé sur les travaux du neuropsychologue Alexander Luria (  connu pour avoir étudié les mécanismes de la mémoire en lien avec le langage, selon l'approche dite de la psychologie culturelle ). On tente sur scène de percer à jours certains des secrets les mieux enfouit de l’esprit humains à travers l’histoire vraie du phénomène russe Shereshevsky. on résout des problème d'arithmétique, de géométrie ou de logique

Au sujet de cette pièce voir « théâtre et science de la mémoire » de Michel Valmer dans la revue alliage :
Un entretient avec l’auteur :